Quartier gourmand Saint-Germain-des-Prés

Texte : Pascale Pessin-Loiseau Photos : Thomas Deschamps
Essentiels

Le minuscule quartier de Saint-Germain-des-Prés, à cheval entre les 7ème et 6ème arrondissements s’étend du bas de la rue de Rennes aux alentours immédiats de l’abbaye éponyme. Depuis son origine au Moyen Âge il a inspiré et nourri les plus beaux esprits. Les Encyclopédistes du Siècle des Lumières puis Marat, Danton et Guillotin ; plus tard, Musset, Verlaine, Anatole France arpentaient ses rues étroites. Tous se réunissaient au Procope, 13, rue de l’Ancienne Comédie. Après la Seconde Guerre mondiale le quartier est devenu le point de rendez-vous des existentialistes mais également de Marguerite Duras, des zazous, des musiciens de jazz et des cinéastes de la Nouvelle Vague. Les grandes maisons d’édition y ont leur siège… Tout concourt à la création.
Aujourd’hui il inspire de belles œuvres gustatives et enchante les papilles. Mettez vos pas dans les nôtres et suivez-nous pour une journée de gastronome averti.

habiter quartier Saint-Germain-des-Près

Petit-déjeuner

Face à l’église de Saint-Germain-des-Prés, le choix du café Les Deux Magots s’impose pour bien commencer la journée. En terrasse si le soleil est là ou en salle, commandez un JP Sartre ou un Hemingway, l’histoire ne dit pas si la carte respecte les habitudes culinaires de chacun ni pourquoi A Breton n’a pas l’honneur d’être au menu des petits déjeuners.

Pour ceux qui préfèrent une adresse moins clichée tout en prenant le petit-déjeuner chez eux, rendez-vous chez Gérard Mulot, 76 rue de Seine. La Maison Mulot est une maison de qualité qui offre une pâtisserie et une boulangerie haut de gamme. Viennoiseries dorées et baguettes croquantes : tout ici est délicieux.

Apéritif de midi

L’épicerie cantine Da Rosa au 62, rue de Seine est plus accessible en journée que le soir. Tentez votre chance si vous appréciez les excellentes charcuteries méditerranéennes, les huiles d’olives d’exception et les bons vins. Et si vous manquez de patience, commandez à emporter.

La brasserie Lipp n’est plus que l’ombre d’elle-même cependant elle offre toujours de délicieuses sardines millésimées. Excellent choix pour l’apéro !

Déjeuner

Esprit couture à l’Emporio Armani Caffè, 149 boulevard Saint-Germain
Comment résister au charme latin et à l’élégance raffinée de la cuisine de Massimo Tringali, maître de la gastronomie transalpine ! Que ce soit au bar en terrasse ou au restaurant en mezzanine, dégustez des produits de saison importés directement d’Italie dans un cadre raffiné, un décor couture gris et ocre signé Giorgio Armani. Les plats sont modernes et élégants à base de recettes typiques revisitées et allégées.

Ou l’air du grand large chez Huguette, 81 rue de Seine
Dans ce bistrot de la mer amarré en plein Paris, les amoureux de poissons, coquillages et crustacés sont au paradis. Ici, la fraîcheur et le naturel sont de mise. La cuisine est traditionnelle et régionale (croquettes aux crevettes, saumon béarnaise, sole meunière, choucroute de poissons fumés…) mais les habitués fréquentent surtout Huguette pour ses plateaux de la mer.

Goûter

Rendez-vous chez Pierre Hermé pâtissier haute couture, 72 rue Bonaparte
Il a révolutionné la pâtisserie française à la fin des années 90. Ceci est sa boutique historique, la première qu’il ait ouverte à Paris. Surnommé « le Picasso de la pâtisserie », ses nouvelles saveurs ne cessent de surprendre et d’enchanter les amateurs de sensations gustatives.

Ou on passe la frontière pour se rendre 93 rue du Bac.
Rendez-vous à La Pâtisserie des Rêves, la plus Proustienne des boutiques de gâteaux. Saint-Honoré, Baba au Rhum, Charlotte aux Fruits Rouges, Paris-Brest… Tous les gâteaux de notre enfance et d’avant, sont sublimés.

Apéro du soir

Pour les puristes, le Café de Flore s’impose mais il faut savoir être patient. Victime de son succès auprès des touristes du monde entier et des habitués qui continuent à revendiquer le privilège d’être vus en terrasse, réussir à y prendre une table vers 19h relève de l’exploit et peut-être aussi d’un certain snobisme !

Pour les modernes, passez dans le quartier de l’Odéon : rendez-vous à l’Avant-Comptoir du Marché, Saint-Germain bien sûr !
14, rue Lobineau

L'Avant-Comptoir du Marché - Rue Lobineau, Paris 6ème Quartier Saint-Germain-des-Prés

Des peintures de cochons sur les murs, un cochon rouge volant suspendu au plafond, un jambon à l’os posé sur le comptoir et des pots de gras à disposition, dont on tartine généreusement son délicieux pain au maïs. Au royaume du cochon, Yves Candeborde d’origine contrôlée du sud-ouest est le roi incontesté ! La carte est suspendue à des crochets. Des plats tous plus gourmands et cochons les uns que les autres comme « ces pommes grenailles au foin, beurre d’anchois, épaule confite » délicieusement rosée, ces croquetas au jambon de Bayonne ou encore cette raviole de cochon, sublime.

Dîner

Pour les classiques, qui ne jurent que tradition ce sera Allard,
41 rue Saint-André des Arts

Restaurant André Allard Paris 6ème

Cette Maison occupe le haut de l’affiche des tables bistrotières depuis 1931. Elle fidélise les adeptes d’une cuisine franche et sincère depuis des générations. Elle a rejoint le groupe Ducasse, la formule persiste et l’on trouve toujours dans l’assiette des plats généreux et ancrés dans la tradition des recettes de nos grands-mères. Escargots de Bourgogne, cocotte de cervelas, canard de Challans aux olives, … paris-brest et savarin au rhum, c’est toute notre histoire culinaire qui se rappelle à nos papilles dans un cadre 1900, témoin de l’atmosphère d’antan avec zinc, banquettes en cuir, carrelage et gravures.

Adepte de modernité chic-pop, choisissez l’un des trois restaurants de David Lahner.

Racines des Prés 1 bis, rue de Gribeauval dans le 7ème
Au comptoir ou en salle cet ancien bistrot se transforme en « cantine » chic, avec sièges cuir, tables marbrées, briques carminées et posters Pop art. Ici, la cuisine joue la carte de la transparence et de la traçabilité avec circuits courts et petits producteurs. Le chef Alexandre Navarro a fait ses classes chez Laurent…

Le Bon Saint Pourçain, 10 bis, rue Servandoni
Entre Saint-Sulpice et le Luxembourg, ce petit bougnat revu et corrigé par Dominique Léger (ex du Flore) sait y faire pour flatter la luxurieuse faune germanopratine. Seul aux fourneaux, Mathieu Techer fait feu de tout bois : en entrée à partager, terrine de campagne, très gentleman farmer, avec figue et betterave ; en plat, mignon de porc colossal ; navets glacés, artichaut, purée de chou-fleur arrosée d’un jus de cochon flamboyant ; et en dessert, baba au rhum aérien sur un nuage de crème fouettée à la vanille.

Ou encore La Crémerie, un minuscule bristrot-restau où manger debout au 9 de la rue des Quatre-Vents.
Lueurs de bougies, plafond d’origine en verre peint, comptoir en marbre poli, cette cave-épicerie ne cesse de convaincre depuis son ouverture en 1880. Seize couverts (dont quatre au bar, bien serrés) on s’y retrouve entre habitués pour y partager de bonnes bouteilles et des plats simplement insensé-ment bons. À titre d’exemple, musicale salade (mandolinée minute) de concombre, radis, carotte et grenade ; maquisarde tomme de brebis corse et huile d’un olivier bicentenaire ; friable tarte au chocolat corsé sans gluten…

Bonne nuit !