Les histoires de toutes celles et de tous ceux qui ont arpenté ses rues, se sont aimés, battus, révoltés au cours des siècles, résonnent encore entre ses murs. Pour les écouter, il suffit de marcher le nez au vent et suivre le lacis des ruelles qui serpentent entre le Palais du Luxembourg et la Seine.
DU MOYEN ÂGE À LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Au commencement, il y eut l’Abbaye Saint-Germain dont l’église romane reconstruite après la Révolution Française s’élève toujours sur l’emplacement même choisi au milieu du VIème siècle par le roi mérovingien Childebert Ier, fils de Clovis. Théâtre des grands moments de l’Histoire elle a été détruite une première fois pendant les Invasions Normandes à la fin du IXème siècle puis fortifiée au XVI, car toujours à l’extérieur de l’enceinte de Paris. Florissante au XVIIIème siècle, l’Abbaye est dissoute à la Révolution Française, les bâtiments monastiques sont transformés en dépôts et en prisons. En 1794, un incendie dévaste la Bibliothèque. Les annexes sont vendues et les terrains sont lotis d’immeubles d’habitation : le quartier tel qu’il est aujourd’hui se dessine. L’église de Saint-Germain-des-Prés restaurée tout le long des XIXème et XXème siècles reste la signature du quartier.
C’est ici, à l’emplacement de l’actuel Lycée Louis-le-Grand, que siégeait la plus ancienne et importante université médiévale européenne qui regroupait tous les collèges Parisiens de la rive gauche. L’Université de Paris a formé les plus beaux esprits. Thomas d’Aquin, François Villon, Joaquim Du Bellay, Pierre de Ronsart… sont parmi ses élèves les plus connus. Au Siècle des Lumières, les Encyclopédistes débattaient au Procope, toujours 13, rue de l’Ancienne Comédie. Pour mettre vos pas dans ceux de Danton, Marat, Desmoulins ou Guillotin, rendez-vous Cour du Commerce Saint-André. Au n°9 se trouvait l’atelier dans lequel la guillotine fut mise au point et testée pour la première fois. Au n°8 il y avait l’une des imprimeries de l’Ami du Peuple, le journal politique le plus influent de la révolution Française édité et publié par Marat.
Au n°20, la maison de Danton, détruite lors des travaux du prolongement du boulevard Saint-Germain en 1875, se trouvait à l’exacte position de la statue de la place Henri Mondor.
DU XIXÈME SIÈCLE AUX TEMPS MODERNES
Racine, Balzac, George Sand, Musset, Verlaine, Rimbaud, Anatole France… Écrivains, poètes et dramaturges fréquentent assidûment les cafés de Saint-Germain-des-Prés. Les peintres tels Delacroix, Ingres ou Manet s’y installent. Le quartier devient le lieu de rencontre privilégié de la scène artistique. Retrouvez l’esprit de l’époque en vous rendant au musée national Eugène Delacroix, 6 rue de Fürstenberg, dans le vaste atelier donnant sur un petit jardin paradisiaque et attenant à un appartement au deuxième étage où le peintre s’était installé pour se rapprocher de l’église Saint-Sulpice et de la chapelle des Saints-Anges dont on lui avait confié la réalisation du décor. Conservés et restaurés dans leur état d’origine ces lieux offrent un témoignage vivant de l’art de vivre du milieu du XIXème siècle.
Plus au nord, sur les bords de Seine, rejoignez l’Institut de France construit par Mazarin pour accueillir un collège. Il fut fermé à la Révolution Française puis rouvert en 1806 par Napoléon Ier afin de regrouper les 5 Académies (l’Académie Française, l’Inscription et les Belles Lettres, les Sciences, les Beaux Arts et les Sciences Morales et Politiques) sous sa prestigieuse coupole. Dans son prolongement, l’élégante passerelle du pont des Arts enjambe la Seine et permet de rejoindre la rive droite. Aujourd’hui, les amoureux du monde entier s’y donnent rendez-vous pour se jurer un amour éternel et sceller leur serment par un cadenas…
Dès le début du XXème siècle le quartier devient le refuge et l’espace de liberté de la scène artistique internationale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré le couvre-feu les cafés de Saint-Germain-des-Prés restent ouverts. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir investissent le Café de Flore « On y voit moins de vert de gris qu’au Dôme (à Montparnasse)» déclare la jeune agrégée de philosophie ! Plus rustique, le Flore ne convient pas aux officiers de la Wehrmacht. Faiblement éclairé par des lampes à acétylène, le café devient la salle de travail des futurs grands auteurs. Sartre y écrit Les Chemins de la Liberté, une grande partie de L’être et le néant et sa pièce Les Mouches qui suscita quelques polémiques à la Libération. Simone de Beauvoir Tous les hommes sont mortels…
Sartre et de Beauvoir habitent en « meublé » comme la plupart des écrivains et des artistes fréquentant le quartier, en chambres séparées dans le même hôtel. Ils seront nombreux à s’installer à la Louisiane, rue de Seine. Juliette Greco la chanteuse égérie de Saint-Germain-des-Prés y vivra en mai 1948 une fulgurante histoire d’amour avec le célèbre trompettiste Miles Davis, compositeur de la musique du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud.
L’effervescence créative qui règne dans le quartier attire de nombreux artistes, peintres, sculpteurs ou plasticiens, performers ou designers. La Louisiane devint ainsi un lieu de rencontre privilégié pour Salvador Dali et Amanda Lear, Bernard Buffet, Alberto Giacometti, Vassilakis Takis, Dennis Oppenheim, Nam Jun Paik, Joseph Beuys, Keith Haring… Aujourd’hui beaucoup sont morts mais la tradition perdure. Côté réalisateurs, Bertrand Tavernier, Léos Carax, Jane Campion, Quentin Tarantino fréquentent la Louisiane. Le petit hôtel familial continue d’inviter les créateurs contemporains à exposer leurs œuvres, à accueillir les éditeurs de contenus culturels et les cyber-entrepreneurs. Il propose 80 chambres charmantes au cœur de Saint-Germain-des-Prés.