Lorenz Bäumer Ses bonnes adresses et coups de cœur proches de la place Vendôme

Words: Simon Banner Photos: Lorenz Bäumer
Portrait

Écrin de luxe dans la capitale de l’élégance, la place Vendôme s’inscrit dans la longue tradition des artisans joailliers de Paris : Boucheron, Chaumet (bijoutier officiel de Napoléon et Joséphine), Van Cleef & Arpels ou encore Cartier. Toujours fidèle à ces noms vénérables, cette place prestigieuse semble avoir trouvé un nouveau souffle en se faisant la demeure d’une nouvelle génération de joailliers à l’audace spontanée dont la créativité ne connaît pas de limites.

Lorenz Bäumer en est l’incarnation. Ses œuvres porteuses d’un vent de liberté, voire d’irrévérence, sont souvent étourdissantes de couleurs. Parfait connaisseur de la joaillerie classique, qu’il respecte profondément, il met sa technique au service de pièces époustouflantes, raffinées, dignes d’un roi (au sens propre comme figuré puisqu’il a connu un immense succès en réalisant la tiare de mariage de la princesse Charlène de Monaco). Il était par conséquent naturel qu’il ouvre en juin 2013 son salon et atelier au 19 de la Place Vendôme.
Né aux Etats-Unis d’un père allemand et d’une mère française, ce globe-trotter pose ses valises dans la capitale française en 1995. Après des études d’ingénierie et d’architecture, sa fascination pour la création sous toutes ses formes, alliée à sa passion pour les pierres précieuses, le pousse vers le métier de joaillier. Il nous dévoile ici son travail, son parcours ainsi que ses restaurants et boutiques coups de cœur près de la Place Vendôme.

Comment décririez-vous votre travail à une personne qui ne l’aurait jamais vu ?

J’espère conférer une dimension créative et innovante à mes pièces en m’inspirant de l’architecture et de la poésie. La plus grande partie de mes œuvres sont uniques. Mon travail s’inscrit dans une dynamique à contre-courant des codes conventionnels. Ma clientèle me ressemble. Téméraire, elle est en quête d’un art contemporain à son image et n’a pas peur de ses ambitions.

Vous avez déclaré « J’estime les bijoux plus que la bijouterie », qu’entendez-vous par là ?

Cela signifie que les bijoux ne m’intéressent pas en tant que symbole de statut social ou de vanité. Je n’ai que faire de la valeur de la pierre. J’aime lui donner une âme, une authenticité et un sens. Je ne m’impose pas de limites ; je prends beaucoup de plaisir à jouer avec les matériaux, le titane ou la céramique par exemple, et à varier les couleurs. User de teintes lumineuses donne le jour à des créations toujours plus gaies, dont j’aime qu’elles soient bien distinctes de mes œuvres passées.

Votre travail est-il empreint de féminité ?

L’image des femmes est en constante évolution. C’est ainsi que j’envisage la féminité : des femmes à l’aise dans leur vie, qui achètent un objet qui leur parle. J’aime à penser que notre identité n’est pas figée. Notre collection Good Girl/Bad Girl s’inscrit dans cette veine. Colombe d’un côté, revolver de l’autre, notre pendentif réversible permet d’afficher alternativement une humeur pacifique ou belliqueuse.

Vous utilisez des éclats de météorites dans l’une de vos collections.

En effet, il s’agit d’un fragment de météorite que nous avons façonné puis intégré au bijou. Se dire que l’on porte un matériau qui a voyagé à travers l’espace durant des millions d’années est prodigieux. J’y vois même une dimension poétique. Selon moi, la joaillerie n’est pas sertie que de diamants blancs, elle se veut aussi surprenante et provocante.

Vous vous inscrivez à contre-courant des modèles conventionnels, pourtant vous n’avez-pas hésité à ouvrir une boutique Place Vendôme, maison de la tradition, comment l’expliquez-vous ?

La Place Vendôme est le cœur historique de la joaillerie parisienne, aussi bien en termes de conception que de fabrication, depuis que Frédéric Boucheron y a pris ses quartiers à la fin du 19e siècle. La place et la rue de la Paix qui la prolonge abritent tous les grands noms. Mais je dois avouer (il rit) qu’ayant toujours été quelque peu excentrique, je ne me suis pas vraiment posé la question. Cela s’inscrivait juste dans mon ambition de créer la plus belle joaillerie, dans la plus belle ville du monde, auprès de la clientèle la plus exquise.

Les boutiques d’exception de la Place Vendôme peuvent être intimidantes. Quelle est l’atmosphère de votre boutique ?

Il s’agit plus d’un salon que d’une boutique. L’idée était de surprendre, de sortir des sentiers battus en créant la magie de l’inconnu dans un lieu où l’on se sentirait chez soi. Cela peut sembler paradoxal, mais je veux dire par là un lieu où l’on se sent si bien qu’on ne veut plus le quitter. Un lieu innovant, où l’essentiel, la rencontre avec un créateur, peut déboucher sur l’achat d’un bijou qui fait sens.

Vous rappelez-vous du moment qui vous a fait chavirer vers la joaillerie ?

Je pense que cela remonte à l’enfance. Mes parents diplomates voyageaient beaucoup et ma mère portait des bijoux pour aller dans les réceptions. Avec ces parures étincelantes, elle était comme une princesse tout droit sortie d’un conte de fées. Cette magie qui fait des femmes des princesses, c’est la joaillerie et c’est ce qui m’a attiré.

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Bracelet Ile au Trésor

Vous avez pourtant fait des études d’ingénieur ?

Pour faire plaisir à mes parents. En France, les études d’ingénieur sont très bien vues. Mais une fois le diplôme en poche, je leur ai dit vouloir voler de mes propres ailes pour un temps et me divertir avec la haute joaillerie. Voilà comment tout a commencé.

Vous êtes né aux États-Unis. Où vous sentez-vous chez vous ?

Je me sens européen avant tout. Quant à Paris, c’est pour moi la ville la plus extraordinaire au monde, une réelle source d’inspiration. L’excellence y est un moteur, et la passion est omniprésente, qu’elle ait pour objet le fromage, le vin, l’architecture ou la mode.

Où vivez-vous à Paris ?

Je vis dans le 9e arrondissement, près d’Opéra. C’est très pratique, car c’est à deux pas du bureau.

Où trouvez-vous votre inspiration dans la ville Lumière ?

Je pourrais vous citer une multitude de musées et autres haut lieux de la capitale, mais pour être tout à fait honnête (il rit), c’est dans la douche que je trouve mon inspiration. Dans la douche, notre flot de pensées n’est interrompu ni par le téléphone ni par qui que ce soit. Création rime pour moi avec intemporalité. L’eau qui s’écoule a ce quelque chose de relaxant, comme hors du temps, qui vous purifie de vos pensées négatives pour laisser la voie libre à votre énergie créative.

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Plus d’informations

Lorenz Bäumer Paris
www.lorenzbaumer.com


Les coups de cœur de Lorenz

Corthay
1 rue Volney, 75002
Téléphone : 01 42 61 08 89
Cordonnier contemporain. « C’est une marque absolument merveilleuse. J’en possède 4 ou 5 paires ».

La Maison du Whisky
20 rue d’Anjou, 75008
Téléphone : 01 42 65 03 16
L’une des meilleures sélections de whisky au monde.

Librarie Gaglignani
224 rue de Rivoli, 75001
Téléphone : 01 42 60 76 07
Littérature franco-britannique. « Des conseils et recommandations hors pair, un espace joaillerie sensationnel ».

La Manufacture de Chocolat Alain Ducasse
40 rue de la Roquette, 75011
Téléphone : 01 48 05 82 86

Lavinia
3-5 boulevard de la Madeleine 75001
Téléphone 01 42 97 20 20
Des vins d’exception.

Plume et Bille
38 rue de l’Arcade, 75008
Téléphone : 01 42 65 57 92
Des plumes remarquables et bien plus encore. « Chaque jour un de leurs stylos m’accompagne ».

Goust
10 rue Volney, 75002
Téléphone : 01 40 15 20 30
Gastronomie française moderne. « Restaurant délicieusement modeste, régi par le meilleur sommelier au monde ».

Paparazzi
6 square de l’Opéra-Louis Jouvet, 75009
Téléphone : 01 40 07 92 56.
« La crème de la pizza. Mes enfants en raffolent ».

Kinugawa
9 rue du Mont Thabor, 75001
Téléphone : 01 42 60 65 07
Gastronomie japonaise. « Ce somptueux édifice offre une cuisine japonaise fusion, très innovante ».

Château de Chantilly
60500 Chantilly
« Lieu artistique unique abritant le Musée Vivant du Cheval, à seulement une heure de la capitale ».

Palais de Tokyo
13 avenue du President Wilson, 75116
« Promeut merveilleusement l’actualité de l’art contemporain »