Le Faubourg St-Denis Absolument captivant

Words: Alison Culliford Photos: Stuart McAlister
Quartiers

Un étonnant creuset multiculturel avec un incroyable choix de cuisines du monde entier à déguster sur place ou à emporter, le quartier du Faubourg Saint-Denis est l’un des plus animés de Paris.

Le Faubourg Saint-Denis fascine tous ceux qui y habitent. De la beauté architecturale trop souvent négligée de ses arches jumelles à ses rues populaires et multiculturelles, ce kilomètre carré qui s’étend de la Gare du Nord aux Grands Boulevards a une atmosphère unique à Paris. « Ce que j’aime dans ce quartier, c’est sa mixité. Il n’est ni bobo, ni français, ni chinois ou africain : il est tout à la fois, » déclare Daisy de Plume, entrepreneure new-yorkaise qui vit rue du Faubourg Saint-Denis avec son mari argentin et son fils de trois ans et demi. « Et en plus, je suis seulement à 17 mn à pied du Louvre ! », ajoute-t-elle.

arche Porte Saint-Denis
L’imposante porte Saint-Denis

La rue du Faubourg Saint-Denis était autrefois la route par laquelle on entrait dans Paris en venant du Nord. C’était celle qu’empruntaient les rois de France en grande pompe après avoir été couronnés dans la cathédrale Saint-Denis. Les deux arches de la Porte Saint-Martin et de la Porte Saint-Denis furent construites par Louis XIV après qu’il eut détruit les remparts de la ville en 1670. Les écuries royales se trouvaient rue des Petites Écuries, là où aujourd’hui on trouve les meilleurs établissements gastronomiques du quartier.

Au cours des 18ème et 19ème siècles, les promoteurs immobiliers creusèrent de nouvelles artères et remplirent les espaces vacants entre les maisons par des immeubles de six ou sept étages. Bien que qu’à l’époque le quartier n’était pas très fréquentable à cause des nombreux music halls des Grands Boulevards, de nombreux artisans y installèrent leurs familles et leurs ateliers. Les music halls et les théâtres populaires ont disparu depuis longtemps bien sûr, pourtant, en passant devant chez Sommier, le loueur de costumes du 3 passage Brady, on entend comme l’écho des fêtes hautes en couleurs d’autrefois.

Du noir et blanc à la couleur

Si l’agencement des rues n’a pratiquement pas été modifié depuis deux cent ans, tout le reste l’a été. Aujourd’hui les petits commerces turques, kurdes, africains et indiens jouent des coudes avec les brasseries art nouveau et les boutiques gastronomiques françaises. Si vous vous asseyez à l’une des nombreuses terrasses du quartier, vous verrez toutes les nationalités défiler et vous entendrez une douzaine de langues différentes. L’artiste Jack Vidal vit ici depuis 40 ans. Il a assisté au changement spectaculaire du quartier mais il l’aime toujours autant. « Autrefois, tout le monde était très conventionnel, » dit-il. « On vivait ici comme dans un film en noir et blanc, maintenant on est passé à la couleur. »

À l’époque, lorsque Vidal a emménagé, le Faubourg Saint-Denis, bien que central, était peu apprécié. Comme le Marais avant sa vertigineuse transformation, le Faubourg Saint-Denis était mal famé, délabré, rempli d’ateliers clandestins et peuplé d’artistes, d’étudiants et d’intermittents du spectacle désargentés, attirés par les loyers bon marché. Ces dix dernières années, de jeunes cadres dynamiques s’y sont installés et ont rénovés les appartements. Après les différentes vagues d’immigration qui ont chacune ajouté de nouvelles saveurs au quartier, l’arrivée des hipsters rehausse le goût. Un nombre toujours croissant de bars ouverts tard la nuit et les enseignes de burgers gourmets attirent une foule de jeunes cosmopolites qui discutent dans les rues jusqu’au petit matin.

Appartements spacieux et lofts luxueux

L’attrait exercé par les appartements du quartier est facile à comprendre : la plupart d’entre eux sont spacieux. Ils ont souvent deux chambres à coucher, une vraie cuisine, des moulures au plafond et des parquets au point de Hongrie. Conséquence de l’augmentation de la demande, la vague de rénovation s’est étendue aux immeubles les plus délabrés et dans les rues les plus recherchées, comme la rue Martel ou la rue Paradis, quelques derniers étages ont été transformés en lofts luxueux.

Les habitants les plus âgés se souviennent encore des marchandes de quatre saisons qui passaient dans les rues en poussant leur charrette de fruits et de légumes. Elles ont disparu dans les années soixante lorsqu’elles ont été déplacées parce qu’elles gênaient la circulation. Mais on peut encore les voir dans le film de Jean-Luc Godard, Une Femme est Une Femme. Ne reste plus que quelques marchands de fruits et de légumes vendant leurs marchandises à la criée pour attirer les passants. Récemment, la transformation du primeur de l’angle de la rue de Metz en restaurant a mis fin à la sympathique bataille des prix que se livraient les vendeurs arabes et juifs de part et d’autre de la rue. Mais on trouve encore un nombre incroyable de variétés de tomates chez les trois derniers marchands de fruits et légumes. Quant aux amateurs de produits bio, un panier peut leur être livré chaque semaine dans le passage des Petites Écuries.

Falafels moelleux et pizzas kurdes

Les commerces de bouche se multiplient comme des petits pains. Il y a le florissant traiteur et marchand de vins et de fromages Julhès, la poissonnerie Ô de Mer et le fameux traiteur corse Terra Corsa. Même le populaire marchand de journaux, le Daily Syrien, propose dans ses rayons mélange peu ordinaire de falafels frais et de nourriture pour l’esprit. Urfa Durum, alias « chez Selami », a détrôné l’incontournable kebad en proposant une surprenante pizza kurde, également connue sous le nom de « lamajun », à manger sur place ou à emporter. Le rédacteur en chef du magazine de culture urbaine WAD, Pierre-Henri Camy, dit que c’est l’un de ses endroits préférés parce que « ce n’est pas cher et en plus, un garçon active le grill au charbon de bois avec un sèche-cheveux. »

Il y a aussi les restaurants indiens (bien moins bons que les petits restaus sri-lankais au-dessus de la Gare du Nord) de l’exotique passage Brady qui rappelle Bombay. Et puis, le merveilleux supermarché indien, juste sur la droite, à l’entrée du passage. Empli des parfums d’épices ensachées sur place par les vendeurs et d’odeurs d’encens, on y trouve pêle-mêle des bibelots et des babioles, des produits de beauté et une sélection incroyable de thés, tous les thés : des petits sachets de thé bio Yogi Tea jusqu’aux grands sacs de thé en vrac PG Tips. La photographe Olivia Rutherford, qui vit dans la rue du Faubourg Saint martin recommande chaleureusement le curry végétarien de Sheezan, au 84 de la rue du Faubourg Saint-Denis. « 6 € le curry avec du riz et un super naan au fromage ! Et sinon, pourquoi j’aime ce quartier ? C’est une vraie pagaille mais une pagaille amusante ! »

Flo, le restaurant très connu du passage des Petites Écuries et son annexe, la brasserie Julien, ne déçoivent jamais avec leur décor Belle Époque, leurs comptoirs d’huitres fraîches présentées dans la glace en devanture et leur traditionnelle sole meunière. Aujourd’hui, deux nouveaux bistrots gastronomiques font le délice des gourmets du Faubourg. Le Bistro Bellet, qui propose un menu plein de surprises à 36 € et sert des produits ultra-frais avec le sourire – oui, parisbymouth.com a bien raison de dire que le service est gracieux – et le Bistro Urbain, rue du Faubourg Saint-Denis dont la tendreté de la viande, l’excellent rapport qualité-prix et la carte renouvelée chaque jour font s’extasier tous les adeptes de bonne chère.

Running et yoga

Pour les gourmands qui souhaitent faire la guerre aux calories accumulées, le quartier n’est pas idéal. Bien que le journaliste Nicholas Norbrook déclare s’entraîner pour le demi-marathon le long des berges du canal Saint-Martin, le Faubourg n’est pas l’endroit rêvé où courir : il y a trop peu d’espaces verts. Cependant, il y a quelques salles de gym à proximité : deux CMG (Grands Boulevards et République) et le Club Montana République, une salle à petit prix. Les adeptes du yoga ne sont pas en reste avec la Casa Yoga, un club intimiste au fond d’une petite coure verdoyante 4, rue de Paradis et le Trini Yoga, au 24, rue d’Enghien. Au Red Earth Centre, 235 rue Lafayette, la professeure de yoga australienne Louisa Raszyk dispense également des massages shiatsu.

Pour ceux qui n’aiment ni le yoga, ni la course, reste la tradition orientale de la promenade du soir. Quand il fait beau, les rues se remplissent de vieux turcs égrenant leur tesbih/vieux grecs faisant tourner leur Komboloï (deux rituels et objets différents et je crois qu’Alison s’est un peu emmêlée les pinceaux :j’opterais pour la version Komboloï…) et de matrones africaines faisant leur marché pendant que les algériens accueillent leurs amis au comptoir avec un chaleureux « Assalamu alaykoum» et que les couples de bobos promènent leurs enfants.

S’il peut sembler surprenant que tant de couples avec enfants aient choisis de vivre dans un quartier à si forte densité, beaucoup disent que c’est justement pour cela qu’ils ont choisi de s’installer ici. « Je ne veux pas que ma fille grandisse dans un lieu où tout le monde se ressemble », dit Nichola Norbrook, un journaliste franco-britannique. «Ici, elle rencontre toutes sortes de gens. Il n’y a qu’un petit problème, nous ne pouvons pas entrer dans une boutique sans qu’elle ne ressorte avec un petit cadeau : un fruit ou un bonbon. Nous avons dû nous résoudre à refuser les bonbons ! »

L’apprentissage de la rue

Ici, les parents ont l’avantage d’avoir deux écoles maternelles, une dans la rue Martel et l’autre dans la rue Paradis, ainsi qu’une école élémentaire rue du Faubourg Saint-Denis. Plusieurs lycées sont à faible distance dont l’excellent établissement d’enseignement privé Rocroy Saint Vincent de Paul qui accueille les enfants de la maternelle à la terminale et est régulièrement classé parmi les meilleurs lycées de France.

rue quartier faubourg Saint-Denis
Le peu d’espaces verts n’est pas un problème. Daisy de Plume et son fils ont découvert dans le quartier de nombreux petits jardins publics cachés dans les ruelles. Comme toutes les familles du coin, ils adorent l’espace de jeu et les jardins partagés du Jardin Villemin, sur les bords du canal. « Il y a aussi le passage des Petites Écuries qui est un vrai bonheur. Il est entièrement piétonnier, il y a de nombreux arbres et vous pouvez vous installer à une terrasse de café pendant que les enfants jouent. Ça me rappelle mon enfance dans le Village à New York, il y avait des marchands installés sur les trottoirs et nous jouions au ballon : la rue nous appartenait. Ici, c’est un peu pareil. »

  • Vivant et cosmopolite.
  • Grande variété de choix de cuisines du monde à manger sur place ou à emporter.
  • Quartier central et desservi par plusieurs lignes de métro.
  • À quelques pas de la Gare du Nord, idéal pour ceux qui empruntent l’Eurostar.

  • Bruyant la nuit (choisissez un appartement à double vitrage ou donnant sur cour).
  • Le stationnement y est difficile et les camions du ramassage des ordures bloquent souvent la circulation.
  • Peu d’arbres et d’espaces verts.


Les meilleures adresses du Faubourg Saint-Denis

Julhès
54, 56 & 58 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 44 83 96 30
Établissement familial, épicerie et traiteur, proposant un excellent choix de fromages, viandes froides, pains, champagnes, vins et alcools. Le personnel est accueillant et de bon conseil.

Ô de Mer
50 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 48 24 67 21
Un grand choix de poissons fraîchement pêchés livrés chaque matin et très artistiquement présentés sous la supervision attentive d’Émilie Lentz, la propriétaire. Recommandation spéciale pour les jolis plateaux de fruits de mer à emporter.

Terra Corsa
61 bis rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 45 23 18 94
Petit traiteur mais impeccable et très bien achalandé en produits et spécialités corses. Si vous préférez consommer sur place, il y a quelques tables à l’intérieur. Aux beaux jours, la jolie terrasse fleurie de géraniums vous tend les bras.

Daily Syrien
55 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 09 54 11 75 35
On trouve ici la presse internationale et dit-on les meilleurs (et moins chers) falafels de Paris. Le cuisinier prépare également d’excellents taboulé, houmous, pâtisseries syriennes parfumées et bien d’autres plats. Si vous voulez suivre les dernières nouvelles du quartier, prenez place à la table commune.

Urfa Durum
58 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 48 24 12 84
La pizza à la kurde et autres plats régionaux servis ici appartiennent au meilleur de la restauration rapide. Depuis que le chef et animateur d’émissions culinaires Anthony Bourdain a « liké » l’endroit, l’affluence n’a pas cessé.

Sheezan
84 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 45 23 18 77
Personne ne vient ici pour le décor, mais la cuisine indienne simple, savoureuse et étonnement bon marché vaut le détour. Vous pouvez faire un repas complet pour 10 € et vous trouverez au menu de nombreux plats végétariens. Les habitués, eux, ne se lassent pas des naans au fromage.

Flo
7 cour des Petites Écuries, 75010
Tél. : 01 47 70 13 59
Flo ressemble à une brasserie classique (banquettes, lambris de bois foncé et nombreux miroirs) mais les plats servis sont bien au-dessus de la moyenne, surtout les fruits de mer.

Bistro Urbain
103 rue du Fbg St-Denis, 75010
Tél. : 01 42 46 32 49
Petit bistro animé avec une carte chaque jour différente qui revisite les grands classiques français. Si vous n’obtenez pas de table pour diner, essayez le déjeuner : à 15 € par personne c’est une affaire.

Trini Yoga
24 rue d’Enghien, 75010
Tél. : 06 03 53 08 42
Avec plus de 20 cours par semaine dans différentes disciplines dont le Ashtanga et le Prana Flow destiné à développer la respiration, l’équilibre et la tonicité musculaire, des professeurs sympathiques et un studio spacieux, cette école de yoga est vraiment très agréable.

Jardin Villemin
14 Rue des Récollets, 75010
Tél. : 09 83 38 47 80
L’un des plus grands espace vert du 10ème arrondissement avec de très beaux vieux arbres, de grandes pelouses, un jardin partagé où les enfants des écoles apprennent à cultiver leur potager et une aire de jeu réservée au ballon.